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La croissance n'existe pas

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Tous les jours, dans la presse écrite, à la radio, je n'ai pas de télévision, puis dans les débats, nous pouvons entendre les journalistes, les économistes, les politiques et ceux qui les singent nous parler de la croissance.

Pourtant pouvons nous vraiment comprendre de quoi nous parlons ? Imaginons les services météorologiques ressasser constamment une information qui ressemblerait à : "l'augmentation aujourd'hui est faible. L'augmentation prévue demain sera forte. Le manque d'augmentation que nous avions prévu a entraîné une augmentation.".

Cet exemple est, bien sûr, c'est son but, parfaitement incompréhensible. Il manque de nommer ce qui fait l'objet de l' augmentation : la quantité d'ensoleillement ? de pluie ? de vent ?

Voilà pourquoi tout « communicant » de l'économie peut impunément dire tout et son contraire. En ayant chosifié la qualification d'une mesure sans nommer la chose mesurée ! Le mot de croissance devient une incantation, une "naturalisation".

Pourquoi ne nommons-nous pas l'objet de l'augmentation, le PIB ? Parce ce que le Produit Intérieur Brut est une aberration, selon les économistes. Ces gens là sont prompts à vous faire la leçon. Déjà en 1976, dans une revue théorique "la NEF", des "Objecteurs de croissance" se nommant, ne rigolez pas, Jacques Attali, Michel Rocard, Jean-Pierre Chevènement, entre autres, faisant écho aux propos du M.I.T, de Sico Manscholt ou encore de Bertrand de Jouvenel, par exemple, nous en expliquaient l'incohérence et le côté burlesque.

C'est ainsi devenue une "tarte à la crème" de démontrer, un exemple au hasard, qu'une augmentation des accidents de voiture fait croître le PIB.

Idem avec la "production" de pétrole, volé à la collectivité humaine à venir, exploité dans de nombreux cas dans des conditions barbares et au mépris des populations locales et survalorisé dans les économies des pays industrialisés. Plus le vol est important, plus les dégâts qui s'ensuivent sont lourds et irréversibles, puis le PIB croît ! Il croîtra d'autant plus si au nom du "développement durable" on prétend "réparer" les dégâts plutôt que de mettre fin à la spoliation et au pillage.

L'information deviendrait donc : "aujourd'hui le produit intérieur brut va augmenter, grâce à un plus grand nombre d' accidents de voitures, plus de morts et surtout plus de blessés très graves qui nécessiteront des soins longs et coûteux, et grâce au gouvernement Birman qui a donné tous les pouvoirs à son armée pour permettre d'extraire plus de pétrole.".

Ou encore : "Le gouvernement de droite va prélever chez les contribuables, tous les contribuables, même ceux qui n'ont pas de voiture, des sommes qui vont être reversées aux utilisateurs de voitures pour leur permettre de continuer à brûler une ressource unique et précieuse qui pollue et tue, en achetant encore plus de voitures. L'opposition de gauche demande que le gouvernement reverse plus car cette mesure sera bénéfique pour l'augmentation du produit intérieur brut."

Il est nécessaire que celles et ceux qui entendent apporter un changement à cet état du monde cessent de participer à cette naturalisation et remplace le mot croissance par ce qu'il masque de fait : "l'augmentation du produit intérieur brut", un indicateur frelaté, inconsistant et nuisible, valorisant la misère du monde et la destruction de la planète.

L'augmentation du produit intérieur brut des pays industrialisés est une charge insoutenable pour l'humanité. En économie, diminuer une charge est un gain.

Bruno Clémentin, septembre 2005.

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« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.

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