Voici les questions et autres « tartes à la crème »posées à l'IEESDS qui a initié en 2001, et très largement contribué à développer depuis, le débat sur la décroissance en France. Classées par ordre alphabétique.

La décroissance est-elle....

ascétique - altermondialiste - contre les ambulances - s’applique t’elle à l’amour - contre l’argent (monnaie) - apocalyptique - la « bioéconomie » - bolchevique - anticapitaliste - provoque-t-elle le chômage - contre le « commerce équitable » - s’applique t-elle à la convivialité - contre la consommation - pour les cultures locales - une idée dangereuse - une « décroyance » - responsable des délires qui peuvent s’écrire à son sujet - antidémocratique - déprimante - contre le terme de « développement durable » - un moyen de se mettre à dos tout le monde et notamment les médias - de droite - écologiste - contre l’écologie - de l’« écologie profonde » - contre l’économie - érotique - contre l’Etat - extrémiste - une fin en soi - un aimant pour toutes les folies - fasciste - de gauche - contre la grande distribution, les OGM, le nucléaire - haïe - humaniste - hérétique - une idéologie - contre l’industrie - l’inverse de la croissance - faisable du jour au lendemain - libérale - contre la loi - soumise à des maîtres à penser - une maladie mentale - « malthusienne » - marxiste - antimarxiste - contre les médias - pour ou contre Mireille Mathieu - moderne - antimondialiste - un mot négatif - « ni droite, ni gauche » - ostracisé par les médias dominants - panthéiste - pour la décroissance des pauvres - pour la pauvreté - antipolitique - poujadiste - contre le progrès - motivée avant tout par la question environnementale - radicale - rationnelle - réactionnaire - religieuse - pour la relocalisation - contre la République - irresponsable - révolutionnaire - une idée de riches- sectaire - la simplicité volontaire - contre la science - un slogan - antisociale - « sociale-démocrate » - pour faire « table rase du passé » - contre la technique - contre le téléphone portable - contre la télévision - contre le TGV - « pour la décroissance de tous » - « pour la décroissance de tout » - une « tribu » - contre l’universalisme - a-t-elle des valeurs - est-elle contre les zoos ?

 

A

La décroissance est-elle ascétique ?
La décroissance est pour la sobriété et non pour un ascétisme malsain. La décroissance est une recherche d’équilibre et ne souhaite pas sortir d’un excès pour verser dans un autre.

La décroissance est-elle « altermondialiste » ?
La décroissance ne croit ni aux lendemains qui chantent, ni au paradis sur terre, ni à l’altermonde. C’est ce monde-ci que la décroissance s’attache à transformer.

La décroissance est-elle contre les ambulances ?
La civilisation de l’automobile est insoutenable écologiquement mais surtout humainement, car elle développe un environnement mécanisé et déshumanisé. Néanmoins, les seules automobiles que nous souhaitons conserver sont les ambulances et les camions de pompiers.

La décroissance s’applique-t-elle à l’amour ?
Quand on parle de croissance, il est entendu qu’il s’agit de croissance économique, pas de croissance de la délinquance ou des cancers. Il en est de même pour la décroissance, il s’agit de décroissance du Produit intérieur brut. Seules les personnes de mauvaise foi ne veulent pas l’entendre.

La décroissance est-elle contre l’argent et la monnaie ?
Pour nous l’argent est très important, mais second. L’argent est un moyen au service de l’homme et non l’inverse. L’économie doit donc être soumise aux choix démocratiques de nos sociétés.

La décroissance est-elle apocalyptique ?
La décroissance met en garde face aux impasses écologiques, humaines, sociales de la croissance économique. Elle se refuse par contre à tous discours centrés sur la peur ou « apocalyptiques » présentant comme inéluctable la catastrophe. La décroissance invite au contraire à réagir.

B

La décroissance est-elle la bioéconomie ?
La décroissance veut s’appuyer sur des modèles économiques réintégrant les paramètres physiques dans ses raisonnements, ce qui n’est pas le cas actuellement car la « science économique » fonctionne « hors sol ». Néanmoins, la décroissance ne se fonde pas sur la science mais sur des valeurs : le partage et la sobriété dans le respect et le renforcement des valeurs de la république.

La décroissance est-elle bolchevique ?
Une politique démocratique ne se mène pas contre le peuple, au contraire. La décroissance ne se fera pas sans prise de conscience majoritaire des citoyens pour transformer la représentation démocratique et la politique.

C

La décroissance est-elle anticapitaliste ?
La décroissance milite pour un monde démocratique débarrassé de la dictature financière. La décroissance est logiquement contre l’« économie de marché » entendue comme le capitalisme. Elle est en revanche pour une « économie des marchés » comprise comme l’artisanat indépendant, la paysannerie, les coopératives, etc., reposant sur une économie à taille humaine et maîtrisée et laissant une place à la concurrence.

La décroissance provoque-t-elle le chômage ?
L’économie de croissance sert avant tout l’économie des multinationales. Un modèle productiviste cherche à produire toujours plus de marchandises avec toujours moins de personnes. Il conduit inexorablement au chômage de masse. La décroissance rompt avec cette logique pour promouvoir une économie à taille humaine riche en emplois de qualité.

La décroissance est-elle contre le « commerce équitable » ?
Non, mais la décroissance estime que cette réponse est secondaire, comme l’obole l’est à la justice sociale, et que la présenter comme la panacée, comme il est fait actuellement, légitime l’abandon des réponses politiques.

La décroissance s’applique-t-elle à la convivialité ?
Quand on parle de croissance, il est entendu qu’il s’agit de croissance économique, pas de croissance de la délinquance ou des cancers. Il en est de même pour la décroissance, il s’agit de décroissance du produit intérieur brut. Seules les personnes de mauvaise foi ne veulent pas l’entendre.

La décroissance est-elle contre la consommation ?
Pour nous la consommation est très importante, mais seconde. La consommation est un moyen au service de l’homme et non l’inverse.

La décroissance est-elle pour les cultures locales ?
Oui, car la décroissance est pour la diversité culturelle. Cette diversité fait la richesse du monde. Bien sûr, la décroissance combat en revanche les aspects les plus sombres de la tradition autant que l’uniformisation liée à la sous-culture marchande.

D

La décroissance est-elle une idée dangereuse ?
Réfléchir peut être dangereux, et surtout concernant les choses essentielles. Mais ne pas réfléchir est encore plus dangereux.

La décroissance est-elle une « décroyance » ?
Si la décroissance invite à la déconstruction de l’idéologie de croissance, elle invite à croire en l’Homme, c’est-à-dire à croire que c’est sa conscience et sa capacité à exercer son libre arbitre puis sa capacité à les transformer en actions qui le définit.

La décroissance est-elle responsable des délires qui peuvent s’écrire à son sujet ?
Tout mouvement de pensée en recherche connaît des dérives. Celles-ci sont aussi le reflet de notre époque, comme l’individualisme forcené ou l’incapacité de penser le collectif (État, institutions, représentation, etc.). Définir la décroissance à partir de ses mauvaises interprétations relève de la malhonnêteté intellectuelle.

La décroissance est-elle antidémocratique ?
La décroissance est un moyen au service de la démocratie représentative et participative.

La décroissance est-elle déprimante ?
La société de consommation réduit chacun de nous à la seule fonction d’agent économique dont le bonheur se mesure à l’aune de l’augmentation du produit national brut. En affirmant notre statut d’être humain multidimensionnel, la décroissance milite pour la joie de vivre à l’opposé du vide de sens que propose l’idéologie de croissance.

La décroissance est-elle contre le terme de « développement durable »?
Oui, car le développement est d’abord entendu par notre société – où l’économie prime – comme un développement économique et par conséquent comme de la croissance économique. En revanche, la décroissance est pour un épanouissement durable.

La décroissance est-elle un moyen de se mettre à dos tout le monde et notamment les médias ?
Bien sûr que non. Néanmoins, il est clair que retrouver des médias indépendants de la tutelle du pouvoir économique est une priorité pour pouvoir engager des politiques de décroissance. L’application des ordonnances du Conseil national de la Résistance de 1944 est une étape essentielle pour s’affranchir d’un système médiatique de propagande aux mains des publicitaires.

La décroissance est-elle de droite ?
La décroissance traverse les clivages politiques. Nous sommes pour le débat dans le cadre des valeurs humanistes, républicaines et démocrates. Néanmoins, ne nous leurrons pas, la majeure partie de ses partisans est de sensibilité de gauche.

E

La décroissance est-elle écologiste ?
La décroissance ne limite pas son analyse à la description de la crise écologique et de ses conséquences. Elle s’intéresse aux causes en amont. Davantage que la croissance économique, elle dénonce l’idéologie de croissance – celle d’un monde sans limites –, une idéologie déstructurante humainement et socialement.

La décroissance est-elle contre l’écologie ?
Pour nous l’écologie est très importante, mais seconde. Les objecteurs de croissance refusent de se laisser enfermer dans une analyse matérielle de la crise naturelle. Ils en interrogent d’abord les causes philosophiques, sociologiques ou anthropologiques.

La décroissance est-elle de l’« écologie profonde » ?
L’« écologie profonde » (deep ecology) se définit généralement par le « bio-centrisme », c’est-à-dire qu’elle considère l’humanité seulement comme une partie d’un ensemble vivant. La décroissance est au contraire anthropocentrique : elle place l’humain au centre et accorde à la nature une place très importante, mais qui demeure seconde. La décroissance est donc opposée à l’écologie profonde.

La décroissance est-elle contre l’économie ?
Pour nous l’économie est très importante, mais seconde. L’économie est un moyen au service de l’homme et non l’inverse. L’économie doit donc être soumise aux choix démocratiques de nos sociétés.

La décroissance est-elle érotique ?
« Lentement, plus profondément, avec plus de saveurs. » La décroissance promeut une philosophie politique qui peut s’apparenter à un érotisme de vie. Il est radicalement opposé au « toujours plus vite, plus loin, plus souvent » de l’idéologie de croissance.

La décroissance est-elle contre l’Etat ?
Pour la décroissance le rôle de l’État est essentiel. Nous récusons radicalement ceux qui se servent de la décroissance pour véhiculer le fantasme de la destruction de l’État aux côtés des ultralibéraux. La défense des services publics est une priorité pour la décroissance.

La décroissance est-elle extrémiste ?
En alertant sur la folie d’un monde sans limites, la décroissance mène un combat contre les extrémismes de tous poils.

F

La décroissance est-elle une fin en soi ?
Non. La décroissance est un moyen au service des valeurs démocratiques et humanistes.

La décroissance est-elle un aimant pour toutes les folies ?
Nombre d’extrémistes de tous poils voient dans la crise écologique – et la déstabilisation sociale qui risque d’en découler – une occasion de mettre en pratique leurs théories. C’est en priorité pour éviter ce risque qu’il est essentiel de réfléchir collectivement à une décroissance. Tordus de tous poils qui croyez avoir trouvé dans la décroissance un exutoire pour votre haine des hommes et de la société, passez votre chemin.

La décroissance est-elle fasciste ?
Il est triste de constater à quel point cette insulte fuse vite lorsqu’une personne est soit à court d’arguments, soit contrariée par un discours.

G

La décroissance est-elle de gauche ?
La décroissance traverse les clivages politiques. Nous sommes pour le débat dans le cadre des valeurs humanistes, républicaines et démocrates. Néanmoins, ne nous leurrons pas, la majeure partie de ses partisans est de sensibilité de gauche.

La décroissance est-elle contre la grande distribution, les OGM, le nucléaire, les mulltinationales, les franchises, la civilisation de l'automobile ?
Oui.

H

La décroissance est-elle haïe ?
Assurément, notamment par tous les grands génies de notre époque qui n’ont pas eu cette idée en premier. La décroissance est aussi haïe par tous ceux qui ont fait de leur fond de commerce le mensonge qu’il était possible de rendre compatible la croissance économique et la protection de l’environnement et qui s’évertuent à présenter la décroissance comme un extrémisme.

La décroissance est-elle humaniste ?
Par son message d’autolimitation et de partage comme condition de l’humanisation, la décroissance est profondément humaniste. Elle place l’humain au centre.

La décroissance est-elle hérétique ?
Il est aujourd’hui hérétique d’affirmer qu’une croissance économique infinie est impossible sur une planète aux ressources limitées, comme hier il l’était de dire que la Terre tourne autour du Soleil. Il est hérétique d’affirmer que la science est un moyen et non toute-puissante. Les multiples insultes dont la décroissance est l’objet en sont la meilleure illustration.

I

La décroissance est-elle une idéologie ?
Face à l’idéologie de croissance, la décroissance cherche en premier lieu à rétablir de l’esprit critique. Elle n’est pas une contre-idéologie mais apporte des propositions pour engager une réduction de la consommation des plus riches dans une volonté de partage et de sobriété.

La décroissance est-elle contre l’industrie ?
La décroissance veut avant tout sortir de la pensée binaire. Ce n’est pas tout ou rien, le nucléaire ou la bougie. La décroissance engage nécessairement une réflexion nuancée. La décroissance privilégie l’artisanat, mais n’est pas pour « plus d’industrie du tout ». Il s’agit de se poser la question : Que produit-on, et comment ?

La décroissance est-elle l’inverse de la croissance ?
Une décroissance infinie serait aussi absurde qu’une croissance infinie. La décroissance vise à atteindre un point de partage équitable.

J

La décroissance est-elle faisable du jour au lendemain ?
La décroissance s’inscrit dans une volonté de transformation progressive grâce à une succession de réformes. Elle se fixe néanmoins des objectifs qui doivent être constamment interrogés et remis en cause.

L

La décroissance est-elle libérale ?
La décroissance s’inscrit dans les idées du libéralisme philosophique des Lumières. En revanche, elle s’inscrit contre ce qui est appelé aujourd’hui le libéralisme, c’est-à-dire en fait le néolibéralisme ou ultralibéralisme.

La décroissance est-elle contre la loi ?
Davantage qu’à la croissance économique en tant que telle, la décroissance s’oppose à l’idéologie d’un monde sans limites. La première limite d’une société étant la loi, celle-ci est consubstantielle de l’idée de décroissance. La loi est une base civilisationnelle.

M

La décroissance est-elle soumise à des maîtres à penser ?
La décroissance insiste avant tout sur la capacité à exercer son esprit critique et en premier lieu à l’exercer sur les réflexions produites par ceux qui ont déjà réfléchi à ce sujet. La décroissance puise dans les réflexions de multiples philosophes et penseurs comme par exemple actuellement Albert Jacquard ou plus anciennement Nicholas Georgescu-Roegen. Néanmoins, la décroissance n’a aucune bible.

La décroissance est-elle une maladie mentale ?
Rassurez-vous : vous n’êtes pas fou si vous pensez qu’une croissance économique infinie est impossible sur une planète aux ressources limitées.

La décroissance est-elle « malthusienne » ?
La décroissance pense qu’il y a non pas trop d’êtres humains sur terre, mais trop d’automobilistes.

La décroissance est-elle marxiste ?
La décroissance n’est pas marxiste, car Karl Marx n’a pas ou a peu pensé les limites des ressources naturelles. D’autre part, Karl Marx était productiviste, c’est-à-dire qu’il visait à un accroissement continuel de la production et de la consommation.

La décroissance est-elle anti-marxiste ?
L’œuvre de Karl Marx est un outil essentiel pour comprendre la logique capitaliste à laquelle est confrontée notre société.

La décroissance est-elle contre les médias ?
Le premier chantier de la décroissance sera de libérer les médias du pouvoir économique afin d’établir une presse réellement critique. La décroissance réclame l’application des ordonnances de 1944 à cette fin. Dans l’état de dépendance actuel des médias envers le pouvoir économique, il faut être lucide : la décroissance se fera contre eux bien davantage qu’avec eux.

La décroissance est-elle pour ou contre Mireille Mathieu ?
La décroissance n’a pas vocation à répondre à tout. Certaines questions secondaires divisent heureusement les objecteurs de croissance.

La décroissance est-elle moderne ?
La décroissance s’inscrit dans les idées de la modernité philosophique des Lumières. En revanche, elle s’inscrit contre une certaine modernité contemporaine comprise comme un renoncement à l’éthique et une soumission aux modes.

La décroissance est-elle antimondialiste ?
La décroissance est contre la mondialisation comprise comme la marchandisation et l’uniformisation du monde. En revanche, elle est pour la mondialisation entendue comme l’universalité de certaines valeurs, la culture des échanges humains et la prise de conscience de l’unité du genre humain. Néanmoins, le terme mondialisation étant entendu aujourd’hui comme la marchandisation de toute chose, on peut dire que la décroissance est antimondialiste.

N

La décroissance est-elle un mot négatif ?
Oui, comme décolonisation, désarmement, déconditionnement, désintoxication ou non-violence. La décroissance réaffirme que « penser, c’est savoir dire non » autant que de savoir dire oui.

La décroissance est-elle « ni droite, ni gauche » ?
L’existence d’un exécutif et d’une opposition est consubstantielle à la démocratie, au service de laquelle est la décroissance. Vu l’importance du débat, la décroissance ne se fera qu’avec toute la représentation démocratique. Elle s’oppose frontalement au courant « ni droite ni gauche » véhiculé par le courant pétainiste de l’écologie.

O

La décroissance est-elle ostracisée par les médias dominants ?
À votre avis ? De quoi vivent majoritairement les médias dominants aujourd’hui ? De la publicité, dont l’objectif est de pousser à la croissance.

P

La décroissance est-elle panthéiste ?
La décroissance est une pensée rationnelle et considère la nature non comme une divinité mais comme de la matière, qui mérite respect et préservation.

La décroissance est-elle pour la décroissance des pauvres ?
Ce genre d’accusations et de procès d’intention ne déshonorent que ceux qui les emploient. La décroissance s’adresse à ceux qui surconsomment.

La décroissance est-elle pour la pauvreté ?
La décroissance est pour une sobriété choisie, individuellement et collectivement, ce qui n’a rien à voir avec la paupérisation des personnes ou des peuples imposée par l’extérieur.

La décroissance est-elle antipolitique ?
Par son message dissensuel, la décroissance est profondément politique. La décroissance engage les citoyens à conquérir la démocratie sous toutes ses formes, et pas seulement dans les associations, mais aussi et surtout dans les partis politiques où se trouve une grande partie du pouvoir (hors extrême droite, même si cela est évident pour nous).

La décroissance est-elle poujadiste ?
Si la décroissance défend les petites entités économiques, comme le faisaient jadis les radicaux de gauche, elle combat tous les racismes, toutes les discriminations, l’homophobie et autres haines de l’autre et de la différence.

La décroissance est-elle contre le progrès ?
La décroissance est pour les progrès humains. Elle conteste l’acceptation systématique de toutes les innovations technologiques systématiquement présentées comme des progrès humains.

Q

La décroissance est-elle motivée avant tout par la question environnementale ?
Non, la planète pourrait être mille fois plus vaste que nous serions autant pour la décroissance, car ce qui nous motive avant tout est le propos sur l’autolimitation et le partage comme condition de l’humanisation.

R

La décroissance est-elle radicale ?
La décroissance refuse de se cantonner à une approche superficielle. Elle est radicale, c’est-à-dire étymologiquement qu’elle va à la racine.

La décroissance est-elle rationnelle ?
En pointant l’impossibilité d’une croissance illimitée sur une planète aux ressources naturelles limitées, la décroissance est rationaliste. La décroissance est rationnelle en rappelant que les pays riches doivent réduire leur consommation et leur production pour réduire leur empreinte écologique jusqu’à un niveau soutenable pour la planète.

La décroissance est-elle réactionnaire ?
La décroissance n’est pas un retour en arrière, mais une ouverture du champ de pensée.

La décroissance est-elle religieuse ?
La décroissance défend une vision laïque de la société, fondée sur la séparation des sphères publiques et privées. Toutefois, elle cherche dans son histoire – philosophique, spirituelle, psychanalytique – les éléments qui peuvent lui permettre de penser sa filiation sans sectarisme.

La décroissance est-elle pour la relocalisation de l’économie ?
La relocalisation de l’économie est pour la décroissance un impératif majeur. Néanmoins, cette relocalisation n’est pas un renfermement sur soi, bien au contraire. Cette relocalisation est altruiste et vise à permettre la réduction de la consommation et de la production des pays riches au bénéfice du reste du monde.

La décroissance est-elle contre la République ?
La décroissance est au service de l’égalité. Elle refuse la monarchie, l’oligarchie et la tyrannie, elle est radicalement républicaine.

La décroissance est-elle irresponsable ?
La décroissance refuse l’actuelle déresponsabilisation de la question du politique – la partage et la sobriété – de notre société sur la technique et la science.

La décroissance est-elle révolutionnaire ?
La décroissance s’inscrit dans une logique de transformation contre une logique de « révolution ».

La décroissance est-elle une idée de riches ?
Dès qu’il s’agit de partager les richesses et de se mettre à la sobriété, les plus riches ont une propension extraordinaire à instrumentaliser les plus pauvres pour défendre leurs intérêts. La plupart du temps, cette accusation émane de personnes aux revenus confortables qui utilisent les plus miséreux pour masquer leur refus de partager tout en culpabilisant ceux qui se battent pour l’égalité.

S

La décroissance est-elle sectaire ?
La décroissance cherche à cultiver les différences, source d’enrichissement indispensable, pour favoriser un débat véritablement contradictoire dans le respect du cadre humaniste et démocrate.

La décroissance est-elle la simplicité volontaire ?
La simplicité volontaire est une démarche individuelle, la décroissance son articulation collective.

La décroissance est-elle contre la science ?
Pour nous la science est très importante, mais seconde. La science est un moyen au service de l’homme et non l’inverse. La science doit donc être soumise aux choix démocratiques de nos sociétés. La décroissance s’appuie sur la science, en revanche elle ne se fonde pas sur elle car notre mouvement est d’abord au service de valeurs : la liberté, l’égalité, la fraternité, le souci des plus faibles ou le don.

La décroissance est-elle un slogan ?
La décroissance est un mot possédant une charge symbolique très forte et indispensable pour démonter l’idéologie de croissance. La décroissance est aussi un slogan : faire acte de communication n’a rien de péjoratif et permet de s’extraire de son microcosme.

La décroissance est-elle antisociale ?
La première chose à faire décroître, ce sont les inégalités. La décroissance est d’abord au service du partage et de la sobriété.

La décroissance est-elle « sociale-démocrate » ?
Nous croyons autant aux valeurs sociales que démocrates, en ce sens la décroissance est « sociale-démocrate ». En revanche, elle n’est pas « sociale-démocrate » lorsque ce terme est instrumentalisé pour justifier la soumission au néolibéralisme.

T

La décroissance est-elle pour faire « table rase du passé » ?
Au contraire, par la radicalité à laquelle elle oblige, la décroissance a conscience de l’impérieuse nécessité de s’inscrire dans la filiation du meilleur de notre histoire, de nos valeurs, de notre culture, de nos institutions.

La décroissance est-elle contre la technique ?
Pour nous la technique est très importante, mais seconde. La technique est un moyen au service de l’homme et non l’inverse. La technique doit donc être soumise aux choix démocratiques de nos sociétés.

La décroissance est-elle contre le téléphone portable ?
Le téléphone portable est l’exemple type du genre de faux besoins qu’engendre la société de consommation.

La décroissance est-elle contre la télévision ?
La décroissance est un discours nuancé et complexe, à l’opposé des schémas binaires et superficiels que formate la télévision d’aujourd’hui. La télévision est en soi un objet polluant à fabriquer et polluant en termes de déchets, et qui incline à la passivité. La décroissance privilégie les médias comme la radio, la presse, les livres, les conférences, etc. Néanmoins, avec beaucoup de précautions, la télévision peut permettre d’aller à la rencontre de nos concitoyens.

La décroissance est-elle contre le TGV ?
Oui, car le TGV est le symbole de l’accélération perpétuelle qui déshumanise notre société. La décroissance c’est le TER contre le TGV.

La décroissance est-elle « pour la décroissance de tous» ?
La décroissance s’adresse à ceux qui sont en situation de surconsommation.

La décroissance est-elle la décroissance de tout ?
Ce genre d’accusations et de procès d’intention imbéciles ne déshonorent que ceux qui les emploient.

La décroissance est-elle une « tribu » ?
C’est ce que tentent de faire croire les médias aux mains des publicitaires : que la décroissance serait cantonnée à un clan de hippies et d’excités victimes d’un phénomène de mode ou d’une révolte prépubère pathologique. À l’opposé de cela, la décroissance est un sujet de société majeur qui concerne tous les citoyens.

U

La décroissance est-elle contre l’universalisme ?
La décroissance place l’universalisme au centre de ses valeurs. La décroissance est au service de valeurs que nous jugeons universelles : la liberté, l’égalité, la fraternité, la non-violence, le souci des plus faibles, dans le respect des différences.

V

La décroissance a-t-elle des valeurs ?
La décroissance s’inscrit dans les valeurs d’Égalité, de Liberté et de Fraternité. Elle s’inscrit en rupture radicale avec le « toujours plus, plus loin, plus souvent » de la société de production en lui substituant une philosophie du « plus lentement, avec plus de saveurs, avec plus de profondeur ».

Z

La décroissance est-elle contre les zoos ?
Oui (ça tombe bien pour conclure cet abécédaire !).

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« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.

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