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Quand le torchon de Brunet-Lecomte et Favrot s'en va salir la décroissance

Faut-il répondre aux auteurs du mensuel Mag 2 Lyon ? Ce titre n’existe qu’à travers le scandale. Le risque est de rentrer dans leur jeu en polémiquant avec eux. Je vais quand même le faire exceptionnellement, notamment pour mettre en garde des relations qui ne sont pas à Lyon. Isabelle Colomès sur le site Action critique média (Acrimed) a déjà décrit le fonctionnement de ce mensuel (ici). Nous ne sommes ici dans l’exercice du journalisme mais confronté à des voyous qui utilisent un média pour servir leurs intérêts et régler leurs comptes.

Toujours est-il que le titre de M. Philippe Brunet-Lecomte et M. Lionel Favrot vient de consacrer un de ses sulfureux « articles » à la décroissance dans leur numéro de janvier 2010. Ce texte ne déroge pas aux méthodes des rédacteurs de Mag 2 Lyon. Sous un chapeau tout en finesse intitulé « Les fondamentalismes », la présentation de notre mensuel La Décroissance commence ainsi : « Un trio de base constitué par les frères Cheynet, Vincent et Denis, mais aussi de Sophie d'Ivry, l'épouse de Vincent. Bref une histoire de famille. »

Sauf que... si mon frère Denis a bien fait quatre courtes chroniques pour notre publication, la dernière remonte à juillet 2004. Surtout, il n’a jamais fait partie du comité rédactionnel de La Décroissance. Loin d’être « une histoire de famille », celui-ci est composé – comme il suffit de lire dans notre « ours » – de Paul Ariès, Bruno Clémentin, Thomas Waring, moi-même et Sophie Divry (ici). Divry sans apostrophe car si Lionel Favrot a inventé une particule à la journaliste de La Décroissance, on se doute bien, connaissant la réputation du personnage, que ce n’est pas le résultat du manque de sérieux de Mag 2 Lyon mais par volonté délétère de nous faire passer pour des « bourgeois »… Ne reculant devant aucun procédés des plus répugnants, Lyon Mag (ancien nom de Mag 2 Lyon) n’avait pas hésité à assimiler la journaliste de La Décroissance à une antisémite au cours d’un article qui restera comme un monument du genre (ici).

La suite du texte de Lionel Favrot est l’avenant de ces enfantillages, insultes et pratiques sordides. Je suis immédiatement calomnié par un « réputation d’être psychorigide », sans davantage de précision. Il faudrait reprendre chaque phrase de ce tissu de sottises. Cette présentation vise à me présenter comme « autoritariste ». Je mets au défi quiconque de trouver un ancien salarié de Casseurs de pub-La Décroissance pouvant confirmer ces accusations. Lionel Favrot colporte, sans vérification, des ragots véhiculés sur internet. J’ai été victime à Lyon ces dernières années du arasement par un détraqué qui, comme tant d’autres, a trouvé sur la toile sa terre promise. L’objectif de Lionel Favrot étant ici de faire enfler la rumeur pour déclencher une cabale. De surcroît, refusant de céder aux thèses « libérale-libertaire » mais républicain et démocrate, me voici par déduction renvoyé encore à cet « autoritarisme ». C’est ridicule.

Des élus des Verts participants à l'éxécutif du maire de Lyon, que bien entendu notre travail dérange, viennent prêter leur concours à cette charge glorieuse. Ce pauvre Alain Giordano, maire vert du 9e arrondissement de Lyon, s’était fait remarquer en réalisant un essai pour un 4 X 4 pour ce même magazine.


Interrogé avec deux autres élus des Verts, Bruno Charles et Emeline Beaune, ces trois brillants esprits dissertent : « Les décroissants ne sont pas réalistes », « Ce sont nos moines pénitents car ils veulent souffrir pour être écolos » (sic). Voilà tout ce que ces « écologistes » trouvent à dire sur un sujet comme la contestation du modèle économique de croissance. Cela montre le niveau du débat auquel évoluent ces élus verts locaux que j'ai longuement dénoncés dans mon livre Lyonnais, qui avez-vous élu ? (éditions de la Mése, 2008) .

Le travail de Lyon Mag renommé Mag 2 Lyon est considéré comme pas sérieux, pas fiable. Spécialiste des lynchages médiatiques, Lyon Mag accumulait les procès. Ici l’important n’est pas d’argumenter et de contre-argumenter mais de salir quitte à utiliser la vie privée voire à s'en prendre au physique des personnes. Les fondamentalistes de tous bords sont incapables des différencier le vie publique de la vie privée. Comme de nombreux autres lyonnais, j’ai été calomnié par Lyon Mag. Dans un article plus ancien je suis décrit comme « hystérique », « sectaire », « brutal » pour être enfin digne d’être comparé à Saint-Just. Face à moi lors de ce portait croisé, le pittoresque adjoint vert Gilles Buna, était présenté comme « jovial », chaleureux », « pragmatique ». Léchant le pouvoir, insultant les dissidents, c’est à cela que l’on reconnaît les grands journalistes.

J'ai croisé récemment deux jeunes journalistes qui ont eu à faire à Mag 2 Lyon. Je vous livre leur témoignage.

- Catherine Thumann : « Harcèlement moral sur des employés, liste vertigineuse de procès en diffamation…Sur Internet, les témoignages à propos de Lyon Mag ont de quoi faire frissonner le candidat à l’entretien d’embauche. J’ai toutefois tenté l’expérience en août 2007. Reçue par plusieurs journalistes à tour de rôle, j’ai eu droit à une petite question qui en dit long sur leur pratique du métier: “Si nous réécrivons complètement vos interviews pour les rendre plus attractives, comment réagirez-vous ?” “J’aimerais les relire pour vérifier si les propos de mon interlocuteur n’ont pas été déformés”. Bizarrement, je n’ai jamais été rappelée… »

Mais déformer les propos de leur auteur sans permettre leur relecture, le rédacteur en chef de Mag 2 Lyon s’en gargarise plutôt : « On s’est toujours battus en refusant de céder à la mode de la relecture. »

- Témoignage d’une autre journaliste passée chez eux : « Monsieur Brunet-Lecomte se prend pour un Dieu. Mag2Lyon n’est pas un journal, c’est SON journal. Aussi réécrit-il TOUS les articles à sa sauce, bref, il impose la marque BRUNET-LECOMTE. Et ce n’est pas la meilleure – si tant est qu’une marque puisse être « bonne ». M. Brunet-Lecomte n’hésite pas à déformer les propos, à en ajouter, à tordre les chiffres pour se donner raison – car lui seul sait, n’est-ce-pas – dans le seul but de créer du scandale pour mieux vendre. M. Brunet-Lecomte n’a que faire de la déontologie journalistique. Il ne se rattrape pas plus dans ses rapports avec ses “employés„ : parfois millieux, souvent hautain, il considère que les autres sont là pour le servir, et n’hésite pas à les humilier publiquement s’ils ne tiennent pas leurs “objectifs”. Une condescendance partagée par son lieutenant, Lionel Favrot, qui ne s’abaissera jamais par exemple à saluer les “misérables petites stagiaires”… Bref, je déconseille à tout journaliste de travailler dans un tel univers ! »

De nombreux autres témoignages en ce sens parviennent aux journalistes lyonnais.

Il est pathétique d’observer l’omerta et la lâcheté sur laquelle prospère Mag 2 Lyon. A Lyon, la classe politique et médiatique pense surtout à sa carrière. Elle courbe piteusement l’échine terrifié à l’idée de subir un des lynchages médiatiques qui font la réputation de Philippe Brunet-Lecomte, Lionel Favrot et d’un dernier rédacteur, qui serait parti, Thomas Nardone. D’autres, comme Gérard Collomb, bénéficient honteusement de ces méthodes. Il est tout autant consternant d’observer des figures locales comme Christian Terras de la revue Golias ou le prêtre Christian Delorme apporter leur soutien à ces pratiques. Naïveté ? Incapacité de résister à une tribune ? Comment ces personnes peuvent-elles être crédibles quand elles donnent ensuite des leçons de morale à leurs concitoyens ? Répétons-le, Philippe Brunet-Lecomte de ne sévit que parce qu’il se trouve des personnes pour leur répondre.

Je m’était exceptionnellement penché sur le dernier numéro de Lyon Mag avant que, suite à ses démêlées juridiques et financières, il ne modifie sont titre pour s’intituler Mag 2 Lyon. Philippe Brunet-Lecomte était en conflit avec l’homme d’affaire Christian Latouche. Voici comment il s’en est alors pris à lui. Grand pourfendeur des « extrêmes » (c’est-à-dire des dissidents au néolibéralisme) les méthodes de Philippe Brunet-Lecomte empruntent au stalinisme le plus pur. Pour lyncher et pathologiser contradicteurs et détracteurs, le rédacteur en chef de Lyon Mag fait régulièrement appel à un « psy », Patrick Lemoine. C ’est « un éminent psychiatre de la région » – qui a « exigé l’anonymat » – qui est convoqué pour « analyser » Christian Latouche. Comment ne pas faire le rapport avec les usages du psychiatre lyonnais ? L’expert « analyse » (avant de pouvoir psychiatriser ?) l’adversaire de Philippe Brunet-Lecomte. Son diagnostic est sans appel : c’est un « paranoïaque à tendance obsessionnel ». Christian Latouche « surdimentionne son l’ego, avec une surestimation de lui-même… », « son appréhension de la réalité est altérée ». Une « paranoïa »  qui « prend chez Christian Latouche un caractère extrême en étant doublée d’une tendance obsessionnelle qui la renforce en faisant apparaître à ses yeux le monde qui l’entoure comme constitué d’ennemis qui ont juré sa perte. Le paranoïaque obsessionnel est en fait persuadé de détenir seul la vérité… ». Christian Latouche « vit dans un bunker » dans un « enferment psychique ». « Ses rapports avec le pdg de Lyon Mag, dont il veut prendre le contrôle, se jouent dans un registre très affectif, voir sexuel (…). Quand il lance lors d’une réunion d’actionnaires “je suis une femme trompée” comme Philippe Brunet-Lecomte le raconte dans son livre, c’est particulièrement révélateur. » Son « profil (…) se retrouve chez les dictateurs » « entourés de pervers ». « Exemple : (…) Hitler ». Le terme « paranoïaque » revient sept fois. L’équilibre psychique du rédacteur en chef de Lyon Mag est, en revanche, parfait ; il n’a réussi à imprimer que soixante-dix-sept fois le nom « Philippe Brunet-Lecomte » dans son dernier numéro (68 pages y compris la publicité). Cela ne l’empêche de qualifier lui-même son adversaire de « cinglé », « De Funès », « pauvre Napo »

Je ne suis pas retourné depuis un an sur cette affaire qui a animé le milieu médiatique lyonnais, mais à ce moment Lyon Mag et son rédacteur en chef ployaient sous les procès pour injures ou violation de la vie privée. Un des derniers était celui intenté par Laurence Ferrari, la présentatrice de TF1, qui leur réclamait 70 000 euros pour « violation de sa vie privée » (ici). « Un procès en diffamation contre Lyon Mag. déclare Philippe Brunet Lecomte, Généralement, je n’y vais pas car avec plus d’une centaine de procès en diffamation (gagnés à 90%) depuis le lancement de Lyon Mag, je passerais ma vie au Palais de justice. (…) Vieux repris de justice avec un casier judiciaire digne d’un ennemi public n°1, je n’étais donc pas vraiment surpris. » (Blog de Philippe Brunet-Lecomte, 23-6-2008). Chacune de ses comparutions devant un tribunal est une nouvelle occasion pour Philippe Brunet-Lecomte de se présenter comme un héraut de la liberté de la presse et d’hurler à la censure. Dans un éclair de lucidité, il le concède lui-même dans les « bonnes pages » de son livre reproduites dans le dernier numéro de Lyon Mag : « Je suis assez immature ». Dans son hebdomadaire, le journaliste lyonnais Gérard Angel affirmait alors que le passif du mensuel était alors de 3,2 millions d’euros suite, notamment, à l’explosion des frais d’avocats ( Les Potins d’Angèle, 24-12-2008). Lyon Mag devrait au moins 600 000 euros à ses plaignants suite à des condamnations en procès (Les Potins d’Angèle, 04-02-2009). Philippe Brunet-Lecomte rétorquait que le trou du journal n’est « que » de 2,1 millions d’euros. Son obsession à rappeler le passage du rédacteur en chef des Potins d’Angèle à Minutes dans sa jeunesse (2 années sur 35 ans de carrière) tourne au ridicule, surtout de la part d’un ancien du Figaro.

Avant de fermer l'ancien site de Lyon Mag, Lionel Favrot, avait remplacé son directeur, absent. Il titrait carrément : « Angel : un journalisme de “merde”... » Lionel Favrot concluait dans un billet que ce dernier « pue l’extrémisme ». Ce qui est cocasse car les deux publications partagent grosso-modo, au-delà de leurs méthodes respectives, la même ligne éditoriale. « Chacun tente de se parer du soutien du maire de Lyon Gérard Collomb, avec qui ils ont en commun d'être amis » précise une correspondante locale de Libération (ici).

Lionel Favrot, est présenté comme « cofondateur » du mensuel et licencié d’histoire. Ses méthodes empruntent davantage à celle des procès de Moscou ou de Torquemada qu’à celles d’un journaliste. Ce personnage s’est taillé une petite célébrité grâce à un ouvrage sur Tarik Ramadan farci d’erreurs factuelles, de citations tronquées, d’interprétations à contresens. Ce « dernier numéro » était l’occasion pour Lyon Mag de revenir sur ce fait de gloire : « Un mois après les attentats du World Trade center, Lyon Mag dénonce la montée de l’islamalisation dans les banlieues lyonnaise. Avec un portrait-enquête de Tariq Ramadan, un prêcheur islamiste basé à Genève qui sévit dans la région lyonnaise où il a acquis une grande influence sur les jeunes. Pour souligner les dangers de la propagande intégriste. Un choix très critiqué à l’époque. Tariq Ramadan engagera deux procès, dont un gagné par Lyon Mag et l’autre toujours en cours. Et quatre ans plus tard, Ramadan dévoilera son vrai visage lors d’un débat face à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, au cours duquel il demandera notamment un moratoire sur la lapidation des femmes. » Oui mais voilà, c’est un nouveau (grave) mensonge : Tarik Ramadan a gagné ses deux procès contre Lyon Mag. L’intellectuel musulman attendait d’ailleurs toujours le versement de 2 500 euros que Lyon Mag a été condamnés de lui à verser en 2003 au titre des dommages et intérêts. Je vous engage a regarder la séquence ci-dessous où Tarik Ramadan est confronté à son accusateur.


 

Sur le fond, Jacques Chirac a-t-il « dévoilé son vrai visage » après avoir demandé un moratoire sur la peine de mort aux autorités chinoises ? Le lyonnais lambda, qui ne connaît pas la problématique de lslam et les banlieues, conclura légitimement à la lecture de cette brève que Tariq Ramadan est le fils spirituel d’Oussama Ben Laden. C’est bien sûr grotesque. On peut reprocher des choses à Tarik Ramadan ; le lynchage médiatique est autre chose. Lyon Mag a utilisé l’émotion des attentats du 11 septembre en désignant des bouc émissaires.

La publication de cet article me vaudra immédiatement, au mieux l’accusation de soutenir l’utralibéralisme prédateur des médias (Christian Latouche) ou l’islamisme (Tarik Ramadan), mais plus sûrement un jet de bile. Philippe Brunet-Lecomte est coutumier de déclarations fracassantes sur son « combat héroïque ». C'est ainsi que Jean-François Kahn décrivait l’action des rédacteurs de Lyon Mag. La distance entre Paris et Lyon explique sans doute ce manque de discernement de journalistes parisiens qui apportaient leur soutien à Lyon Mag, comme Patrick Poivre d’Arvor. Plus proche des réalités locales, Pierre Gandonnière, chroniqueur lyonnais, résumera la situation de façon plus lucide : « Lyon Mag n’appartient pas à sa rédaction mais à un groupe de presse régional. Il est assez indépendant… de la déontologie journalistique. »

Pour rédiger cet article je me suis rendu sur leur site internet, voici le type de sondage que l’on y trouve en une :

Sondage Mag 2 Lyon

Bref, cet aspect sordide de la vie locale ne mérite pas une ligne dans La Décroissance. Nous avons déjà trop à faire au niveau national. Laissons le mot de la fin à Philippe Brunet-Lecomte lui-même. C'est à nouveau un extrait du « dernier numéro » de Lyon Mag : « Géraldine [sa femme avec qui il travaille] et moi, on a un côté “Bonnie and Clyde”, les flingues en moins et encore, parfois c’est limite ! Il faut nous voir sur les routes de la région partir à l’assaut pour convaincre un élu [sic], un annonceur, un actionnaire, un banquier… La musique à fond. Et les excès de vitesse en prime. Carrefours dangereux ! Le plus souvent, c’est elle qui pilote à coups de klaxon et de “conards”. Son truc, c’est d’engueuler les flics, toujours persuadé qu’elle a raison ! (…) Notre film culte c’est “Réservoir dog” de Tarentino, pour l’oreille tranchée à coups de cutter par le héros de ce film déjanté, qui la saisit pour continuer à parler à celui qui ne voulait pas l’entendre. »

Vincent Cheynet, le 19 janvier 2010

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« Celui qui
croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.

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