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Le net bute à ses limites

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Le net bute à ses limites avec l'organisation de forums locaux. S'il est d'une indéniable utilité pour ce qui est des rendez-vous intercontinentaux, il ne vaut rien pour se rencontrer entre voisins. Des lieux d'échange et des moments de rencontre nous font pourtant cruellement défaut. Nous aspirons à retrouver l'équivalent d'une agora antique. Mais la critique à faire de la webadministration qui se met en place, insidieusement, s'applique tout autant aux altermondialistes dès lors qu'ils ne peuvent plus se passer d'un instrument fétiche.

Internet est facteur d'exclusion. Quels que soient les avantages induits par de nouvelles technologies, ils s'annulent quand elles évincent les pratiques antérieures, en l'occurrence les contacts directs.

Internet n'exclut pas seulement les anticonformistes, néoluddistes et minimalistes convaincus mais tous ceux qui apporteraient justement une contribution décisive à un forum social ; tous les sans, les sans terre, sans toit, sans famille, sans portable ni internet. Par contre les organisateurs de ces forums disposent d'une alléchante vitrine pour leurs associations respectives. S'en contentent-ils, leur attitude renvoie à la problématique du militantisme.

S'agissant de se reconnaître dans des idées pour se regrouper sous leur bannière, autant adhérer à une chapelle millénariste, l'effet est le même. Peu importe que la critique du néolibéralisme ou les extraterrestres entrent en jeu, la dissidence permet de s'accommoder du système. Tout le monde y recourt.

La recherche de synergies n'est pas du même ordre. Elle oblige au dépassement. Elle demande de comprendre l'autre pour se faire comprendre de lui. Cette ouverture relève évidemment plutôt d'une éthique personnelle que d'un programme formel. Un vivant intérêt pour les autres en est la condition. Son absence marque notre époque.

Les nouvelles technologies de la communication font que personne ne court plus le risque d'une remise en cause. Seulement, cela enferme dans un imaginaire collectif parcellaire.

Michel Ots

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